Utilisateur:Moris Berkor/ABC d'espéranto

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Moris Berkor/ABC d'espéranto
Image illustrative de l’article Moris Berkor/ABC d'espéranto

Auteur Gaston Waringhien
Genre linguistique
Lieu de parution Paris
Date de parution 1945

A.B.C. d’'Espéranto à l'usage de ceux qui aiment les lettres est un livret écrit par Gaston Waringhien, agrégé de grammaire, et publié en 1945 puis 1967, et réédité en 2001. C'est à la fois une esquisse de l'essence de l'Espéranto ainsi qu’un aperçu et une explication de sa grammaire et de l'étymologie du vocabulaire de base. L’auteur explique les choix logiques opérés par Louis-Lazare Zamenhof, l’initiateur de la langue et, comme un auteur de roman policier pour une œuvre de fiction, se place au moment du choix des fondements de la langue. Ce livre s'adresse notamment aux amateurs de langues et de belles lettres ainsi que de logique et plus généralement au public curieux. Le résumé ci-dessous est une simple introduction à sa lecture.

Introduction[modifier | modifier le code]

Certaines langues nationales jouent un rôle essentiel dans la communication internationale mais ne peuvent être maîtrisées par la majorité et acceptées par tous comme " langue mondiale ". Une langue internationale auxiliaire doit être plus facile que les autres langues. La facilité d'une langue dépend de quatre facteurs : la simplicité, -- que le nombre d'éléments à apprendre soit le plus petit possible - ; la régularité, - que les règles qui en régissent les combinaisons soient sans exceptions ; la clarté, - que leur jeu normal n'entraîne ni équivoque, ni imprécision - ; et enfin la stabilité, que l'ensemble du mécanisme soit le plus possible soustrait aux caprices individuels et à l'usure du temps.

La simplicité est un grand mérite d'une langue internationale en comparaison des langues nationales, mais elle doit être combinée avec les critères de régularité et de clarté : un seul article défini ; un passé unique de l'indicatif ; une seule personne du verbe pour chaque temps ou mode. L'utilisation d'un seul affixe pour chaque sens permet de diminuer très fortement le nombre de mots à apprendre.

Le critère de régularité, ou l'absence d'exceptions. Toute fonction linguistique est toujours exprimée par le même élément et cet élément exprime toujours la même fonction : en phonétique, un son unique = une lettre et vice versa ; en morphologie une seule forme plurielle et un seul signe accusatif pour les noms, adjectifs et pronoms; une conjugaison unique avec seulement au total 6 finales détachables (désinences) ; régularité des adverbes de relation (cause, manière, temps, quantité, etc.) ; dans le vocabulaire, le même affixe signifiera toujours le même rapport, par ex. le suffixe -ist pour la profession .

Le critère de clarté est particulièrement important dans une langue qui ne sera la langue maternelle de presque personne : à chaque variation de pensée doit répondre une variation concomitante dans la langue ; les racines, les affixes ou les désinences seront différents pour chaque sens du mot, -par exemple différenciation claire du verbe et du substantif - ; les compléments sans préposition sont marqués par la désinence -n.

La stabilité d’une langue est assurée par une longue tradition surtout écrite. Afin de canaliser les évolutions pour conserver les qualités de la langue, les racines sont le plus souvent internationales et communes ou proches des principales langues européennes. De plus, en 1905, pour assurer l'unité de la langue, le congrès international de Boulogne-sur-Mer accepte le Fundamento (les Fondements) qui comprend une Grammaire de base en 16 règles, un vocabulaire de base (en cinq langues) et un Cahier d'exercices. Depuis lors, le vocabulaire s'est enrichi mais le Fundamento reste la base de la langue.

Les abréviations des langues citées sont celles reconnues par l'Union Européenne : de allemand, el grec, en anglais, eo espéranto, es espagnol, fr français, it italien, pl polonais, sv suédois. Ajoutons lat latin, ru russe et pr. prononcez.

Première partie: phonétique, accentuation[modifier | modifier le code]

Phonétique.[modifier | modifier le code]

Elle est fondée sur la règle une lettre égale un son simple. Les voyelles sont les 5 voyelles essentielles : a, e = è, i, o, u = ou. La voyelle brève ŭ est utilisée après a (aŭ) et e ( eŭ). Il n'y a pas de lettre muette. Sur les 26 lettres de l'alphabet français ou anglais, 4 lettres doublon sont omises : q, w, x, y. Les 22 autres lettres se prononcent comme dans l'alphabet phonétique international, à l'exception de c (ts). Cinq consonnes chuintantes et affriquées, qui sont des sons simples pour les phonéticiens,sont accentuées comme en croate ou en tchèque : ĉ = ch anglais ; ŝ= sh anglais ; ĝ = j anglais (dj) ; ĵ = j français; ĥ = j espagnol (jota) ou ch allemand, écrit kh en français et anglais (son RR guttural). Les doubles consonnes sont toujours simplifiées comme en russe (ex : ballon = balono). Ainsi, chaque double consonne à l'intérieur d'un mot indiquera un mot composé.

Accentuation.[modifier | modifier le code]

L'accent tonique est toujours sur l'avant-dernière syllabe ; c'est le plus courant dans le plus grand nombre de mots du plus grand nombre de langues.

Deuxième partie : morphologie[modifier | modifier le code]

Les parties du discours[modifier | modifier le code]

Chaque catégorie grammaticale de mots est reconnaissable extérieurement à sa désinence (finale détachable) tirée de suffixes internationaux :

- o pour les substantifs, tirée par ex. du -ion de nation... ;

- a pour les adjectifs, tiré par ex. du -al de original... ;

-e pour les adverbes dérivés tiré de la désinence latine majoritaire des adverbes.

On obtient ainsi la série parol'o parole ; parol'a verbal, parol'e oralement, parol'i parler.

Le signe nécessaire pour marquer le complément sans préposition correspond à l'accusatif de langues à déclinaison, -n pour le grec et l'allemand. Le signe du pluriel grec -j (prononcer -y) peut s'intercaler entre cet -n et la voyelle précédente Sujet la bela(j) infano(j) ; Objet : la bela(j)n infano(j)n.

Il y a un seul article défini, la et pas d'article indéfini. Par convention poétique le -o du substantif et le -a de l'article la peuvent s'élider. Les noms n'ont pas de genre grammatical.

Les pronoms[modifier | modifier le code]

Dans toutes les langues, ils constituent un chapitre hérissé d'exceptions. On distingue les pronoms personnels-possessifs et les autres pronoms et adjectifs dits en espéranto corrélatifs.

Les pronoms et adjectifs corrélatifs et leur tableau.

Il s'agissait de trouver une série de mots dont le premier élément indique la nature (indéfinis etc.) et le dernier élément la valeur (identité, qualité etc.). Entre ces deux éléments, il fallait une voyelle de liaison ; i s'harmonise avec les autres voyelles.

Cet i pouvait servir à lui seul comme 'radical' ou premier élément des indéfinis, par analogie avec l'allemand irgend = quelconque. Pour les interrogatifs-relatifs, le radical ki- est proposé par qui (fr) ou par chi prononcer ki (it). Pour les démonstratifs, l'initiale de tel (fr), ou de that (en) propose le radical ti. Quand aux collectifs, la forme ĉi est indiquée par chacun (fr), et each (en). Enfin pour les négatifs, le n- initial est international comme nul (fr), nothing (en) etc., mais il y avait un risque de confusion avec le -n de l'accusatif. La solution fut le redoublement de la consonne négative neni.

Quant aux voyelles finales, la désinence des noms -o s'offre naturellement pour les pronoms neutres destinés à représenter des choses (cela, tout, rien etc.) ; celle de l'adjectif -a pour les pronoms de qualité (tel, quel etc.). Les pronoms destinés à représenter les individus personnes ou choses (qui, tous, personne etc.) nécessitaient une finale vocalique pour que puissent s'y adjoindre les désinences -j et-n : la voyelle -u avait l'avantage de rappeler le suffixe -ul, et la voyelle finale du mot individu. Pour le lieu, on pouvait utiliser le -e qu'on retrouve dans les mots lieu, where etc. On peut y ajouter le -n de l'accusatif pour exprimer le mouvement vers quelque chose. Enfin la finale -es proche du des (allemand), du possessif 's (en) et du rapprochement phonétique kies = à qui est-ce (fr), correspond aux pronoms de possession.

En associant les 5 éléments en position initiale de 'radicaux' (i-, ki-, ti, ĉi, neni) aux 5 éléments en position finale de 'désinences' (-u, -o, -a, -e, es), on obtient 5 * 5 = 25 nouvelles racines simples.

On obtient ainsi parmi les plus utilisés : iu quelqu'un; tiu ce(lui) ; kiu qui ; ĉiu chacun ; neniu prsonne ; io qq chose ; tio cela ; kio quoi ; ĉio tout ; nenio rien :

ia un certain ; tia tel ; kia quel ; ies à quelqu'un ; kies à qui ?

Pour la liste complète: Grammaire de l'espéranto#Tabel-vortoj ou tableau des mots simples "corrélatifs" : pronoms, adjectifs et adverbes déterminatifs

Les adverbes ajn : n'importe (transcription phonétique de l'allemand ein dans irgend ein et ĉi : ci (emprunté au fr celui-ci) servent à nuancer ces pronoms : tiu ĉi celui-ci ; io ajn n'importe quoi.

Le tableau des pronoms personnels[modifier | modifier le code]

Leur terminaison est -i. Par analogie, ils sont construits avec la même voyelle que les autres pronoms. Leur consonne initiale a été importée des formes les plus caractéristiques de diverses langues européennes.

Liste : Singulier : 1 mi ; 2 ci (vi) ; 3 li (il), ŝi (elle), ĝi (il neutre). Pluriel 1 ni; 2 vi; 3 ili. Réfléchi si (se) ; Indéfini oni (on).

Désinences et emploi : -n pour les compléments sans préposition (min = me etc.) ; -a pour les adjectifs possessifs (mia = mon etc.) et précédés de l'article la ils donnent les pronoms possessifs (la mia = le mien etc.). À l'imitation de par ex. l'anglais, ces adjectifs et pronoms varient selon le sexe du possédant, puisqu'il n'y a pas de genre en espéranto : lia frato : son frère (à lui) ; ŝia frato son frère (à elle).

Les adverbes[modifier | modifier le code]

On distingue les adverbes primitifs, corrélatifs ou simples qui sont fréquents et les adverbes dérivés avec la désinence -e qui sont nombreux.

Les adverbes de relation ont de fortes analogies avec les pronoms corrélatifs. À chacun des 5 'radicaux' vus précédemment, Zamenhof a ajouté les 4 terminaisons suivantes : -am pour le temps comme jamais = nunquam (latin) ; quand = wann (allemand) ; -om pour la quantité quantum prononcé om à la française, ou 1re syllabe de combien); -al pour la cause et -el pour la manière (avec la voyelle caractéristique des mots kaŭzo et maniero). Exemples : kiam quand ; kiom combien ; kial pourquoi ; kiel comment etc.

Voir Grammaire de l'espéranto#Tabel-vortoj ou tableau des mots simples "corrélatifs" : pronoms, adjectifs et adverbes déterminatifs

Les adverbes simples: ce sont des adverbes de quantité, de temps, de manière et de lieu. Ils sont le plus souvent monosyllabiques ou parfois terminés par aŭ pour faciliter la prononciation de la voyelle finale.

Vocabulaire de l'espéranto#Adverbes simples. Pour l'origine étymologique voir Étymologie de l'espéranto#Emprunts lexicaux

Degrés de comparaison[modifier | modifier le code]

Les comparatifs des adjectifs et adverbes sont formés à l'aide d'adverbes : pli (plus) ; malpli (moins) et tiel (aussi) ; le "que" qui suit les comparatifs d'inégalité se traduit par ol ; celui qui suit les comparatifs d'égalité par kiel. Ex. : ŝi estas pli bela ol li.

Les superlatifs relatifs sont introduits par les adverbes plej (le plus) et malplej (le moins); leur complément est amené par el quand il s'agit de choses nombrables et par en quand il s'agit de choses non nombrables. Le superlatif relatif se forme avec l'adverbe tre (très).

Les numéraux[modifier | modifier le code]

Calquer l'arithmétique permet une grande simplification. Les 10 signes de 0 à 9 permettent d'écrire tous les nombres. Les numéros sont invariables : 0 nul ; 1 unu ; 2 du ; 3 tri ; 4 kvar ; 5 kvin ; 6 ses ; 7 sep ; 8 ok ; 9 naŭ; 10 dek ; 100 cent ; 1000 mil ; 1000 000 miliono.

Les nombres intermédiaires se forment à l'aide de ces nombres de base, selon la règle qui veut que les nombres de base multiplient les unités supérieures (dix, cent, mille) quand ils les précèdent , et s'additionnent à elles quand elles les suivent. Par ex. 12 dekdu; 20 dudek ; 22 dudek du ; 38 tridek ok ; 207 ducent sep ; 702 sepcent du.

Numéraux dérivés[modifier | modifier le code]

Les ordinaux se forment en ajoutant aux nombres cardinaux le -a des adjectifs : du'a deuxième ; sesdek ok'a 68 ème.

Les noms de quantité se forment en y ajoutant le -o du substantif : kvar'o un quatuor ; unu dekdu'o une douzaine.

Les nombres fractionnaires se forment du suffixe -on finale de fraction (fr, en ) : tri'ono le tiers ; mil'ono un millième.

Les multiplicatifs ont le suffixe -obl comme doble (espagnol) du'obla double ; dek'obla décuple.

Les collectifs ont le suffixe -op (inversion de la préposition po) du'opo un duo.

Les distributifs s'expriment à l'aide de la préposition po à raison de : mi donis po du pirojn al la junuloj, j'ai donné deux poires à chaque jeune.
Expressions courantes + : plus ; = : estas ; moins (-) : minus.

Le verbe[modifier | modifier le code]

Simplifications.[modifier | modifier le code]

Une langue internationale pouvait se permettre de simplifier radicalement la morphologie du verbe : a) Tous les verbes se conjuguent de même.

b) L'existence des pronoms sujets permet de réduire chaque temps à une seule forme, comme le prétérit anglais.

c) L'exemple de l'anglais, de l'allemand, du russe permet de réduire à trois le nombre de temps : passé, présent, futur.

d) La non existence ou la quasi-disparition du subjonctif dans des langues très parlées (russe, polonais, anglais...) prouve que ce mode est superflu.

e) On peut se contenter d'un seul auxiliaire, le verbe être, à l'exemple du russe, du polonais.

Désinences.[modifier | modifier le code]

Pour l'indicatif la consonne s donnait une finale acceptable he likes (en), tu aimes ;

Pour différencier les temps, Zamenhof eut l'idée de les marquer chacun d'une voyelle caractéristique : le -a pour le présent, - cf le participe présent français terminé par -ant - ; le -i pour le passé, - cf lat, it., fr - ; le -o pour le futur- cf lat, it -. Restait alors surtout le -u bref et énergique pour l'impératif et -us pour le conditionnel.

La conjugaison se réduit alors à 6 désinences et à 12 formes verbales :

indicatif : présent -as ; passé -is ; futur -os ;

participe actif : présent -ant ; passé -int ; futur -ont ;

participe passif : présent -at ; passé -it ; futur -ot ;

Autres modes : impératif -u; infinitif -i ; conditionnel -us.

Ces 12 formes se comparent avantageusement aux plus de 500 et parfois plus de 2000 formes verbales des principales langues européennes.

Temps composés[modifier | modifier le code]

À l’aide de l’unique auxiliaire esti et des différents participes, on peut former un très grand nombre d’expressions verbales et rendre ainsi les nuances les plus fines de la pensée.

Les voix[modifier | modifier le code]

Le suffixe -ig correspond à la voix factitive, faire + infinitif, tiré du latin purus propre et purigare nettoyer.

Le suffixe signifie devenir, tiré du suffixe italien -eggiare [pr. eĝare], verdeggiare verdoyer verdiĝi. L’ajout de iĝ transforme un verbe transitif en un verbe intransitif.

Les aspects[modifier | modifier le code]

Le préfixe ek-, tiré de ekgelân (Grec) éclater de rire en face de gelan rire, exprime la soudaineté d’une action commençante. Ex : ek’flugi s’envoler.

Le suffixe -ad tiré de par ex. promenade (fr) en face de promener, présente l’action dans la durée de son développement.

Le préfixe re-, tiré du latin reportare repartir, indique la réitération de l’action primitive, ou l’inversion de cette action avec retour au point de départ.

Troisième partie: syntaxe[modifier | modifier le code]

La syntaxe de l’espéranto est essentiellement logique. Quelques règles conventionnelles suppléent à la logique quand celle-ci seule ne peut apporter de solution.

Syntaxe du nom[modifier | modifier le code]

L’article défini n’est pas employé devant les noms qui sont définis par eux-mêmes : noms propres, titres qui les précèdent immédiatement, par ex : Belgujo, Doktoro Z. ; ou noms de matière : fero

Syntaxe de la proposition[modifier | modifier le code]

On distingue deux types de propositions, selon que leur verbe exprime l’action ou l’état. Après les verbes d’action, ordinairement on précise l’objet de cette action en utilisant ou non une préposition.

L’Espéranto distingue parmi les liaisons prépositionnelles celles qui correspondent à un rapport spatial ou logique (vers, devant, malgré) et celles qui ne sont que des particules vides, de purs outils grammaticaux. Pour ces dernières une seule forme d’expression suffit : c’est le -n des compléments sans préposition, le -n de l’accusatif.

Les prépositions[modifier | modifier le code]

Les rapports spatiaux, temporels ou logiques seront exprimés chaque fois par la préposition exactement exigée par le sens et non par une tradition plus ou moins capricieuse.

Voir liste des 35 prépositions dans Grammaire de l'espéranto#Prépositions (règles 8 et 14)

Quand les autres prépositions ne sont pas satisfaisantes, la préposition je est un « joker »; elle peut aussi être remplacée par le -n de l’accusatif.

Accusatif de direction. Avec la plupart des prépositions spatiales, il est intéressant de pouvoir indiquer s’il s’agit d’une position ou d’un mouvement vers une direction. Cette distinction existe par exemple en anglais avec in et into. Dans le deuxième cas, l’Espéranto utilise la désinence -n pour signifier le mouvement en direction de la position indiquée par la préposition ; par ex. Ni devas balai la polvon sub la lito kaj ne balai ĝin sub la liton : Nous devons balayer la poussière sous le lit et non la balayer (en la poussant) sous le lit.

Les attributs.[modifier | modifier le code]

Les verbes d’état, - être, sembler… -, sont suivis d’un attribut qui ne prend pas la désinence -n.

Le réfléchi.[modifier | modifier le code]

Lorsque le sujet est conçu en même temps comme objet ou comme possesseur de l’objet, on utilise les pronoms et adjectifs réfléchis. En espéranto le seul déterminant est le sujet logique de la dernière action exprimée, qu’elle le soit par un verbe ou par un nom. Par ex. Pietro petis la pastron eniri en lian domon  ; -----  en sian domon Pierre pria le prêtre d’entrer dans sa maison (à lui) ; ----- dans sa maison (au prêtre).

Syntaxe de la phrase[modifier | modifier le code]

Les propositions s’articulent les unes aux autres, soit à l’aide de coordonnants, par ex. kaj ( grec) et ; sed (latin) mais ; tamen (latin) pourtant etc.

Soit à l’aide de subordonnants, par ex. por ke pour que ; se si (italien se) ; ĉar car etc.

Aucune conjonction de subordination n’influe sur le mode du verbe qui la suit. Seule en décide la logique.

Les modes[modifier | modifier le code]

Ce sont essentiellement les moyens dont dispose une langue pour exprimer le plus ou moins grand degré de réalité d’une action.

L’indicatif sert au sujet parlant pour exprimer une action accomplie ou devant réellement s’accomplir.

Le conditionnel est utilisé si l’accomplissement de l’action semble douteux ou même irréel, et il est employé dans les deux membres de la phrase conditionnelle.

Lorsque l’accomplissement de l’action est voulu ou ordonné par autrui, le mode de l’action est l’impératif ou son usage étant plus étendu en espéranto, le volitif. Il est utilisé lorsqu’il y a une nuance de désir, de volonté, d’ordre. Il peut traduire un impératif, un subjonctif – je veux que…-, ou un auxiliaire – falloir, devoir-.

Emploi des temps[modifier | modifier le code]

Il n’y a pas en espéranto de concordance des temps, et leur usage relève des seules exigences de la pensée.

Toute proposition conserve en subordination le même temps qu’elle aurait si elle était principale. La question du style indirect est ainsi simplifiée à l’extrême. En espéranto seuls les pronoms varient du style direct au style indirect et non les temps et les modes.

Quatrième partie: vocabulaire[modifier | modifier le code]

Le vocabulaire comprend des mots-racines et des mots composés qui forment des « familles » autour des mots racines. Le choix des racines dépend du degré d’internationalité puis de considérations d’esthétique qui permettent de rendre une langue harmonieuse et cohérente et qui nécessitent une certaine forme de génie de type artistique.

Le choix des racines[modifier | modifier le code]

Certains mots internationaux sont présents dans de nombreuses langues : vocabulaire technique (lokomotivo, bicikleto…), scientifique (atomo, acido…), médical (pneŭmonio, psikiatrio…), philosophique (ideo, fenomeno…), littéraire (revuo, tragedio…), sportif (futbalo, golo…). En botanique et zoologie la nomenclature scientifique est à base latine et grecque (abio tiré de Lat. abies sapin…). Sur les 2629 racines du Fundamento, 921 soit 35 % rentrent dans cette catégorie.

Les mots de la langue commune ont généralement une forme diversifiée dans les différentes langues européennes. Des langues romanes et germaniques sont les plus utilisées comme langues de communication internationale et les langues germaniques contiennent aussi, sous forme de dérivés, un grand nombre de racines latines qui sont donc les plus nombreuses. Ainsi l’anglais possède environ 70% de racines d’origine latine et grecque.

Dans certains cas il fallait choisir l’un ou l’autre de ces deux groupes linguistiques. Deux facteurs ont principalement influé sur le choix : le rayonnement intellectuel plutôt favorable au groupe des langues romanes ou la netteté phonétique de racines plus « musclées » et plus riches en consonnes pour le groupe germanique. Les racines latines prédominent, mais les racines germaniques sont aussi nombreuses.

Ce double clavier roman-germanique était surtout utile pour éviter les homonymies. Ainsi soleil, solitude et sol donnaient trois racines identiques : sola s’imposait pour seul à cause du mot international solo ; soleil et sol ont tiré leur nom de racines germaniques : suno et grundo.

Aussi, des racines ayant des sens trop divergents sont traduites par des mots différents : ainsi Morgen en allemand est traduit par deux mots différents, morgaŭ demain et mateno matin.

Assimilation interne[modifier | modifier le code]

Certaines racines ont été modifiées par rapport à la langue d’origine pour deux raisons :

Premièrement, éviter la confusion avec certains affixes. Ainsi la terminaison de racines en -eto été transformée en -edo, par analogie avec l’espagnol. Par exemple bankedo, le banquet et bank’eto petite banque.

L’existence du suffixe -il (outil) a provoqué la modification de la forme latine maxillus , machoire en espéranto makselo

Le suffixe -ul (individu) explique par ex. le choix de la forme italienne popolo, peuple et non du latin populus.

Le suffixe -in (féminine) explique par ex. la déformation de la forme latine asinus âne en azeno.

Enfin des racines commençant par re- ont été sur le modèle italien modifiées en ri : rigardi, regarder.

Deuxièmement, pour certaines racines germaniques, Zamenhof a cherché une sorte de moyen terme entre la forme anglaise et la forme allemande. par ex. de street et Strasse, la racine espéranto est strato, rue. Ou encore un moyen terme entre Spiegel (allemand), et speculum (latin) : spegulo (espéranto) miroir.

Les racines rentrées après 1887 ont gardé leur forme originale, soit latine, soit nationale.

Degré d'internationalité du Vortaro[modifier | modifier le code]

Selon une étude de V. Varankin, linguiste russe , Teorio de Esperanto 1929 qui étudie les 2629 racines du Fundamento, travail actualisé ensuite sur les 4444 premières racines (années 1950) : 9% sont étrangères au français; 22% sont étrangères à l'anglais; 24 % sont étrangères à l'allemand et 39  % sont étrangères au russe. L'introduction d'un grand nombre de racines scientifiques internationales depuis les années 1960, le plus souvent communes à ces différentes langues, rend encore plus élevée le pourcentage des racines communes.

Formation des mots[modifier | modifier le code]

Compte tenu de la régularité et de la clarté des affixes ainsi que de son procédé de composition efficace, avec un nombre relativement restreint de racines, le nombre de mots créés est très élevé et rend compte de la plupart des nuances des langues nationales ou régionales. Toutes les combinaisons sont possibles du moment qu’elles ont une signification. La limite est celle du bon sens. « Aussi éprouve -t’on à manier l’espéranto une impression d’aisance créatrice qu’on ne retrouve nulle part ailleurs et qui donne à cette langue un charme très spécial ».

Affixation[modifier | modifier le code]

Ils sont tirés généralement de plusieurs langues, mais un seul exemple est donné ici. Zamenhof conseille dans la phase d'initiation à la langue de présenter les mots composés, y compris avec affixes, sous forme décomposée, les petits mots (morphèmes) étant séparés par un petit tiret (-) ou une apostrophe (').

Préfixes[modifier | modifier le code]

Il existe 9 préfixes. 4 expriment des relations sociales : bo- tiré de beau-fils (fr) bo'filo, signifie la parenté résultant d’un mariage ; eks- tiré de ex président (fr) ; ge- tiré de Geschwister (de) = frères et sœurs, en espéranto ge'fratoj, signifie la réunion des deux sexes ; pra- tiré de pradied (ru) arrière-grand-père, pra’patro signifie l’éloignement dans les degrés de parenté ;

2 expriment des aspects verbaux : ek-, re- (déjà vus).

3 expriment des modifications du sens du radical et équivalent en quelque sorte à des adverbes : dis-, tiré de disséminer, dis'ĵeti, signifie la dispersion ; mal-, tiré de maladroit mal’lerta, signifie le sens exactement inverse de la racine ; mis-, tiré de misunderstand, comprendre de travers, mis'kompreni signifie que l’action a été manquée. Vocabulaire de l'espéranto#Principaux préfixes

Suffixes[modifier | modifier le code]

Sur les 38, on peut distinguer 15 suffixes nominaux, 5 suffixes adjectifs, 11 suffixes verbaux, 3 suffixes numéraux, 4 suffixes universels. Pour pouvoir s’adapter à toutes les racines de la langue, ils présentent tous la même constitution phonétique : monosyllabes à initiales vocaliques. Ils sont soigneusement assortis au reste de la langue.

Suffises nominaux de personnes (6) :.[modifier | modifier le code]

-an, de Itali’ano signifie membre d’un groupe ; -estr tiré de ma’estro (it) signifie dirigeant ; -id, tiré de Pelops Pelopides (grec) Pelops fils de Pelops, signifie descendant direct ; -in, tiré de regina (latin) reine, signifie être de sexe féminin ; -ist de fleuriste floristo, signifie spécialiste ; -ul , tiré de garrulus (lat) bavard, signifie être caractérisé par l’idée du radical, saĝulo sage.

Suffixes de noms de choses (7)[modifier | modifier le code]

-aĵ, tiré de lainage len’aĵo, objet caractérisé par l’idée du radical ; -il outil ; -ar, emprunté à herbarium (lat) herbier signifie groupement d’êtres ou d’objets ; -er emprunté au grec meros, partie, signifie unité constitutive de l’ensemble ; -ej, tiré de Konditor’ei (de) patisserie kuk’ejo, lieu affecté à l’accomplissement de l’action ; -ing emprunté à Ring (de) anneau ringo, contenant partiel, gaine où s’insère l’objet ; -uj, emprunté à la terminaison d’étui (fr), signifie récipient contenant (sens large), sup’ujo soupière.

Noms abstraits (2)[modifier | modifier le code]

-ec, tiré de bellezza (it) beauté bel'eco, qualité abstraite ; -ism doctrine ou système, social'ismo, krist'an'ismo.

Suffixes adjectifs (6)[modifier | modifier le code]

Ils s'ajoutent à des radicaux verbaux pour exprimer les diverses possibilités de réalisation de l'action :

-ebl, emprunté à amabilis (lat) aimable, trink'ebla buvable, exprime la possibilité passive ; -em, comparer à aime (fr), exprime le penchant , la tendance, kred'ema crédule ; -end, exprime l'obligation passive, leg'enda qu'il faut lire ; -ind emprunté au latin audiendus, digne d'être entendu, qui mérite d'être, rid'inda ridicule ; -iv, emprunté au latin, exprime la possibilité active, pag'iva solvable.

Suffixes verbaux (10)[modifier | modifier le code]

La plupart ont déjà été vus avec les participes actifs et passifs (6), les voix -ig et -iĝ et l’aspect (-ad) Un dernier suffixe -iz (Grec) signifie l’application de quelque chose sur qq chose, glu’izi encoller.

Suffixes numéraux (3)[modifier | modifier le code]

-obl, -on et -op s’ajoutent aux noms de nombres.

Suffixes universels (4)[modifier | modifier le code]

-et emprunté aux langues romanes, suffixe diminutif, dom’eto maisonnette

-eg emprunté au grec megas, suffixe augmentatif varm’ega brûlant ;

- emprunté à cagnaccio (it) cabot, de cane (it) chien, suffixe péjoratif , par ex. dom'aĉo masure

-um emprunté au latin -um, finale neutre de mots internationaux, ex. album, rapport vague.

Familles de mots[modifier | modifier le code]

La régularité des affixes permet de créer un très grand nombre de mots composés à partir d'un nombre limité de racines. A partir d'une racine, on peut créer souvent logiquement plus de 10 mots à l'aide des affixes et des désinences finales.

Composition des mots[modifier | modifier le code]

Les mots composés sont formés par une simple réunion de racines (le mot principal vient à la fin). Les finales grammaticales comptent comme des (petits) mots séparés (cad des Morphèmes).

L’analyse des mots composés est celle de leurs morphèmes, en partant de la fin du mot composé, comme en anglais.

Conclusion[modifier | modifier le code]

L’espéranto présente extérieurement le caractère d’une langue européenne romane, avec de nombreux apports germaniques, surtout par la composition de son vocabulaire.

Mais sa structure interne révèle d’autres liens de famille. Toutes les langues indo-européennes sont des langues à flexion ; c’est-à-dire que les syllabes qui servent à y marquer les rapports grammaticaux n’ont aucune existence indépendante, mais se présentent toujours inséparablement liées à des radicaux dont elles modifient souvent même la forme : « recevoir » devient « reçoit » ; le nom correspondant est « réception », trois radicaux pour un même mot ; en anglais foot devient feet, take au prétérit fait took. En allemand Mann au pluriel devient Männer etc.

L’espéranto, lui, ne connaît à vrai dire ni « désinences », ni « radicaux » ; il n’y a chez lui ni flexion, ni conjugaison. Selon Zamenhof " Toutes les différentes formes grammaticales, les rapports mutuels des mots entre eux, s’expriment ici par l’union de mots invariables. Ce que [l’Européen] appelle habituellement préfixes ou suffixes ne sont que des mots indépendants qui conservent toujours la même signification, soit qu’on les emploie à la fin ou au commencement des mots ou même comme mots indépendants ".

Or cette structure, où chaque élément de pensée s’exprime par un élément de vocabulaire distinct, indépendant et combinable à l’infini, est proche de deux familles de langues orientales qu’on appelle agglutinantes (turc, hongrois, mongol, japonais...) et isolantes (chinois, vietnamien, indonésien...) et qui incluent ensemble plus du tiers de la population mondiale. A l’écrit, les morphèmes pour la première famille sont agglutinés dans un mot composé et ceux pour la deuxième famille sont isolés.

L’espéranto offre donc ce paradoxe, que parent des langues de l’Europe occidentale par l’étymologie de ses racines, il ressemble par sa structure interne aux langues de l’Orient.

" L’espéranto ne s’est pas borné à se proposer l’internationalité comme but de ses efforts, il en a fait la raison de son existence, la loi même de son être, ses os et sa chair ".

Les références[modifier | modifier le code]

  • Sutton, Geoffrey 2008: littérature originale d'espéranto, Mondial, New York, (ISBN 978 1 59569 090 6), page 177
  • Gaston Waringhien , ABC d'espéranto à l'usage de ceux qui aiment les lettres, éditions L'Harmattan, 2001, Paris

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Espéranto

Grammaire

Grammaire de l'espéranto

Vocabulaire de l'espéranto

Étymologie de l'espéranto

Liens externes[modifier | modifier le code]

Portail:Linguistique[modifier | modifier le code]

Portail sur l'espéranto[modifier | modifier le code]

   • Catalogue du musée et de la collection d'espéranto pour les langues planifiées

   • Catalogue de la bibliothèque du patrimoine Hendrik Conscience: entrez les mots «A.B.C. d'espéranto». {{Portail|Espéranto}} [[Catégorie:Grammaire de l'espéranto]] [[Catégorie:Littérature de langue espéranto]]